Changer les perceptions à l’égard des jeunes de la DPJ et des intervenants qui y œuvrent, c’est la mission que se donne la Fondation du Centre jeunesse de l’Estrie. Lancée lundi, la campagne Enlève ton étiquette, vise à lutter contre les préjugés dont sont souvent victimes les jeunes du réseau.
La directrice générale de la Fondation du Centre jeunesse de l’Estrie, Alexandra Goulet, elle-même une enfant de la DPJ, souhaite mettre en lumière la réalité de ces jeunes souvent occultée par les drames que font les manchettes.
À l’âge de 18 mois, Alexandra Goulet a été retirée de son milieu familial. Jusqu’à sa majorité, elle vit au sein d’une famille d’accueil. Et au fil des années, elle rencontre de nombreux intervenants de la DPJ.
On sentait qu’il y avait plus qu’un travail, il y avait une passion derrière ça. Je pense que c’est important que ce soit mis en lumière parce que ça m’a sauvé la vie
, confie-t-elle.
Moi, en tant qu’enfant, j’ai eu le droit aussi d’être épanouie à travers les difficultés que mes parents vivaient.
Une citation de Alexandra Goulet, directrice générale de la Fondation du Centre jeunesse de l’Estrie
De la stigmatisation aussi envers les intervenants
Alexandra Goulet dirige depuis mars dernier la Fondation du Centre jeunesse de l’Estrie. Comme plusieurs intervenants dans le milieu, elle ressent le poids des préjugés à leur endroit.
Il y a de fausses idées préconçues
, dit-elle. Elle se rappelle comment elle pouvait se faire intimider plus jeune à l’école quand elle disait être une enfant de la DPJ. À en marcher la tête basse
par gêne, ajoute-t-elle.
Le travailleur social au Centre de jeunesse de l’Estrie, Gabriel Paradis, doit composer avec la stigmatisation. Quand il dit travailler auprès des jeunes en difficulté, ça passe bien
, souligne-t-il.
Quand on parle du centre jeunesse, on reçoit des regards, un peu plus de doutes
, admet-il.
Ce qui est dommage c’est qu’on parle d’une situation, alors qu’on a des milliers de témoignages de jeunes qu’on a aidés et qui sont contents
, souligne le travailleur social.
Des parents se confient même aux intervenants comme quoi ils ont été une bouée de sauvetage
dans leur parcours, raconte Gabriel Paradis. Si tu n’avais pas été là, je ne sais pas comment je serais passé à travers cette épreuve
, lui dit-on.
Plus que du placement d’enfants
Le manque de personnel et les listes d’attente ont fait l’objet de reportages à plusieurs reprises. Le CIUSSS de l’Estrie – CHUS et les syndicats dressent régulièrement des bilans préoccupants sur le nombre de cas en attente d’évaluation.
Gabriel Paradis reconnaît ces longues listes d’attentes à la DPJ, mais il pousse sa réflexion plus loin. Pourquoi les étudiants qui terminent en travail social et en psychoéducation n’ont pas nécessairement envie d’aller travailler dans cette direction-là
, se demande-t-il.
Quand on travaille pour le centre jeunesse, on travaille pour un établissement qui a une réputation sociale qui n’est pas toujours ajustée à la réalité de notre travail.
Une citation de Gabriel Paradis, travailleur social au Centre jeunesse de l’Estrie
Pour Alexandra Goulet et Gabriel Paradis, il est temps de souligner l’importance du travail accompli des intervenants et des jeunes du réseau. Pour ce faire : porter le ruban orange et bleu distribué dans les centres jeunesse du Québec, à l’initiative de la Fondation de l’Estrie.
J’aimerais vraiment qu’ils enlèvent le poids de l’étiquette de la DPJ sur leurs épaules, souhaite Alexandra Goulet. Je veux qu’ils retrouvent l’estime en eux et qu’ils soient heureux.
La campagne s’échelonne du 20 novembre au 20 décembre.
Avec les informations de Guylaine Charette